Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/93

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sant, aimant à payer de retour le bon office reçu, vrai dans ses promesses, ferme dans ses résolutions, maître de son âme, sachant distinguer les vertus, parce qu’il était vertueux lui-même. Adroit, ayant le travail facile et l’intelligence des affaires, il prenait en main les intérêts de tous ses amis, et les menait au succès avec un langage affectueux.

Ce prince illustre eût volontiers renoncé à la vie, à la plus opulente fortune ou même à ses voluptés les plus chères ; mais à la vérité, jamais. Droit, généreux, faisant le bien, modeste, de bonnes mœurs, doux, patient, invincible aux ennemis dans le combat, il avait un grand cœur, une grande énergie, une grande âme : en un mot, c’était le plus vertueux des hommes, rayonnant de splendeur, d’un aspect aimable comme la lune et pur comme le soleil d’automne.

Quand le roi Daçaratha vit ce fléau des ennemis, cette féconde mine de vertus briller d’un éclat sans égal par cette foule de qualités et par d’autres encore, il se mit à rouler continuellement cette pensée au fond de son âme, venue et déjà fixée même dans ce projet : « Il faut que je sacre mon fils Râma comme associé à ma couronne et prince de la jeunesse. »

Cette idée s’agitait sans cesse dans le cœur du monarque sage : « Quand verrai-je l’onction royale donnée à Râma ! Il est digne de cette couronne : sachant donner à tous les êtres la chaîne de l’amour, il est plus aimé que moi et règne déjà sur mes sujets par toutes ses vertus. Égal en courage à Indra, égal à Vrihaspati par l’intelligence, égal même à la terre en stabilité, il est mieux doué que moi en toutes qualités. Quand j’aurai vu ce fils, ma gloire, élevé par moi-même sur ce trône, qui gou-