comme la lune dans sa pléoménie, répondit au singe Hanoûmat ces paroles, où le juste se mariait à l’utile : « Ce langage que tu m’as tenu est de l’ambroisie mêlée à du poison, car si d’un côté Râma n’a pas une pensée dont je ne sois l’objet, son amour d’une autre part le rend malheureux.
« Je l’espère, ô le meilleur des singes, mon époux viendra bientôt ; car mon âme est pure et de nombreuses qualités sont en lui. Persévérance, force, énergie, courage, activité, reconnaissance, majesté : voilà, singe, les qualités de mon noble Raghouide.
« Quand donc Râma, ce héros, ou plutôt ce soleil qui sème en guise de rayons un réseau de flèches, dissipera-t-il avec colère ces ténèbres que Râvana fit naître sur notre ciel ? »
À Sîtâ, qui parlait ainsi, consumée de chagrin par l’absence de Râma et le visage baigné de larmes, le noble singe répondit en ces termes : « Je vais aujourd’hui même te porter sur le sein de Râma, Mithilienne aux beaux cheveux annelés, comme le feu porte aux Dieux l’offrande sacrifice sur leurs autels.
« Viens ! monte sur mon dos, reine ; assure tes mains dans ma crinière ! Je te ferai voir ton Râma aujourd’hui même, regarde-moi bien ! oui ! ton Râma à la grande vigueur, assis, comme Pourandara, sur le front d’une montagne-reine, où il se tient dans un ermitage, les efforts de son âme tendus pour atteindre jusqu’à ta vue. Assise sur mon échine, traverse l’Océan par la voie des airs, comme la Déesse Pârvatî, montée sur le taureau. En effet, quand je fuirai, t’emportant avec moi, reine au charmant visage, tous les habitants de Lankâ ne sont point capables de suivre ma route.