Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

leur queue en grande estime ; ils disent qu’elle est une parure : eh bien ! qu’on mette sans tarder le feu à la queue de celui-ci, et qu’il s’en retourne avec sa queue brûlée ! Que ses conjoints, ses parents, ses alliés, ses amis et le monarque des singes le voient tous vexé par la difformité de ce membre ! »

À ces mots les Rakshasas, de qui la colère avait accru la méchanceté, enveloppent sa queue avec de vieilles étoffes en coton. À mesure que l’on entourait sa queue de ces matières combustibles, le grand singe d’augmenter ses proportions, comme un incendie allumé dans les forêts quand la flamme s’attache au bois sec.

Le prudent singe de rouler en lui-même beaucoup de pensées assorties aux circonstances du moment et du lieu : « Il est sûr que ces rôdeurs impurs des nuits sont trop faibles contre moi, tout lié que je suis ; combien moins ne pourraient-ils m’arrêter si je voulais rompre ces liens et fuir, m’élançant au milieu des airs. Mais il faut nécessairement que je voie Lankâ éclairée par le jour. »

Quand Hanoûmat, zélé pour le bien de Râma, eut ainsi arrêté sa résolution, le noble singe endura ces avanies, tout fort qu’il fût pour les empêcher. Ensuite, pleins de fureur et l’ayant arrosée d’huile, ces Démons à l’âme féroce attachent solidement la flamme à sa queue. Ils empoignent Hanoûmat, l’entraînent hors du palais et se font un jeu cruel de promener le grand singe, sa queue enflammée, dans toute la ville, qu’ils remplissent çà et là de bruit avec le son des conques et des tambourins.

Tandis qu’ils montrent Hanoûmat dans la ville avec la flamme au bout de sa queue, les Rakshasîs de s’en aller vite porter cette nouvelle à Sîtâ : « Ce singe à la face rouge qui eut un entretien avec toi, Sîtâ, lui disent-elles,