Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/125

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pugnable, bien gardée, sans pareille, dont l’accès nous est défendu. »

À peine eut-il entendu ce langage d’Hanoûmat : « Eh bien ! lui répondit Angada, le plus éminent des simiens, que les singes boivent le miel ! Après qu’Hanoûmat a si bien rempli sa mission, l’on ne peut se dispenser de satisfaire à sa demande, fût-elle même impossible : à plus forte raison, quand la chose est telle qu’est celle-ci. » À ces paroles tombées de la bouche d’Angada, les singes joyeux de s’écrier : « Bien ! bien ! » et d’honorer cet auguste prince.

Les singes envahirent les arbres pleins des sucs du miel ; ils remuèrent mainte et mainte fois toute la forêt ; ils prenaient dans leurs bras des rayons tels, qu’un drona les eût à peine contenus, les jetaient joyeux par terre, et mangeaient et buvaient. Le plaisir de manger ces miels savoureux et bien parfumés les mit tous dans la joie et tous ils en devinrent comme fous d’ivresse.

De ces quadrumanes à face ridée, les uns maltraitaient après boire les préposés à la garde des rayons, ceux-là se frappaient dans l’ivresse les uns les autres avec un reste de miel. Ici, des singes se roulent aux pieds des arbres ; là, gorgés de mets, ils se font un lit de feuilles et dorment accablés d’ivresse. On voit des chefs de troupeaux quadrumanes arracher les arbres et casser la forêt : on en voit qui, le corps tout basané par le miel, boivent dans les rayons d’une soif insatiable. Les uns chantent, les autres déclament, en voici qui dansent, en voilà qui rient ; ceux-ci boivent, ceux-là causent ; tels dorment et tels racontent. Les uns se laissent tomber ivres de la cime des arbres ; les autres, d’un rapide essor, s’élancent du sol de la terre et s’envolent de nouveau sur le sommet des