Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/163

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droit à réclamer le secours de la mer, car la main qui a creusé ce grand bassin des eaux, vaste et, pour ainsi dire, sans mesure, fut celle de Sagara ? C’est donc un devoir pour la mer de rendre au petit-neveu de cet ancien roi les bons offices d’une parente : voilà quelle est mon opinion ! En effet, Sagara, vous l’avez ouï dire, fut un des aïeux de Râma : aussi, prenant de nobles sentiments, la mer, à la vue de sa force immense, lui rendra certainement, je le répète, les bons offices d’une parente. » Ces paroles de Vibhîshana, le sage Démon, plurent au fils de Raghou, dont le caractère était naturellement fait pour le devoir.

Et, par une déférence de politesse, le héros à la grande splendeur, habile dans ses travaux, dit ces mots que précédait un sourire, à Lakshmana comme à Sougrîva, le monarque des singes : « J’approuve, Lakshmana, ce conseil de Vibhîshana ; dis-moi, sans tarder, Sougrîva, s’il te plaît également. »

À ces mots, les deux héros, Lakshmana et Sougrîva, lui répondirent, d’un commun accord, en ces termes, d’une résolution bien arrêtée : « Les Dieux puissants, Indra même à leur tête, ne pourraient conquérir Lankâ, s’ils n’avaient d’abord jeté un pont sur cette mer, séjour épouvantable de Varouna ! Suis, mon ami, cet avis, convenable ou non, de Vibhîshana : ne perdons pas de temps et que la mer soit liée d’un pont ! »


Trois nuits alors s’écoulèrent ainsi dans la compression des sens pour ce héros d’une grandeur infinie, couché sur le sol de la terre. Mais Râma eut beau réprimer ses