Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/181

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youdjihva, qui bientôt mit sous les yeux de Râvana ce travail de magie parfaitement exécuté. Le roi, content de lui, gratifia d’une parure l’habile enchanteur et, d’un pas empressé, il entra dans le joli bosquet d’açokas.

Là, il vit la triste Djanakide, venue elle-même dans ce bocage, plongée dans une affliction qu’elle ne méritait pas, rêvant à son époux et surveillée de loin par ses épouvantables Rakshasîs. Le monarque à l’âme vicieuse dit ces mots à l’adolescente fille du roi Djanaka, qui, tristement assise, détournait de lui sa face et tenait son visage baissé vers la terre :

« J’ai toujours été avec toi comme un flatteur, esclave des femmes ; mais, à chaque fois, tu m’as traité comme un être à qui l’on paye en mépris la douceur de ses paroles. Je refrène ma colère soulevée contre toi, Sîtâ, comme un habile cocher, abordant un chemin difficile, modère la course de ses chevaux. Ton époux, noble Dame, vers lequel ton âme se reporte sans cesse, quand elle répond à mes flatteries, est mort dans un combat. Ainsi, de toutes les manières, j’ai coupé ta racine et j’ai terrassé ton orgueil : grâce à ton malheur, tu seras donc mon épouse, Sîtâ !

« Écoute quelle fut la mort de ton époux, aussi épouvantable que la mort de Vritra lui-même ! Il est vrai que ton Raghouide, environné d’une armée nombreuse, commandée par Sougrîva, le roi des singes, a franchi l’Océan pour me tuer !

« Abordé sur la rive méridionale de la mer, à l’heure où le soleil s’inclinait vers son couchant, il s’est campé avec une grande armée. Nos espions, se glissant au milieu de la nuit, ont d’abord visité ces troupes, qu’ils ont trouvées lasses du voyage et dormant un agréable sommeil.