Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/187

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Cette épouvante des Rakshasas, belle aux yeux charmants comme les pétales du lotus, c’est Râma qui l’inspire, tel que le Dieu, armé de sa foudre sème la terreur chez les Daîtyas. Bientôt, sa colère éteinte dans le sang de Râvana, ton époux, d’une bravoure inconcevable, viendra te reprendre ici comme le prix de sa conquête ! »


De même que le ciel, en versant la pluie, redonne la joie à la terre ; de même la bienveillante Yâtoudhânî remit dans la joie avec un tel discours cette âme égarée, où il était né un cuisant chagrin. Ensuite, cette bonne amie, qui désirait procurer le bien de son amie, lui tint ce langage à propos, elle qui savait les moments opportuns, et, débutant par mettre un sourire en avant de ses paroles : « Je puis m’en aller vers ton Râma, dit-elle, et revenir sans qu’on le sache, belle aux yeux noirs, après que je lui aurai fait part de tous ces discours. »

À Saramâ qui parlait ainsi, la Vidéhaine répondit ces douces paroles d’une voix faible et comme étouffée par le chagrin qu’elle venait d’éprouver : « Si tu veux me rendre un service, si tu es mon amie, va et veuille bien t’informer ainsi : « Qu’est-ce que fait Râvana ? »

« Voici la grâce que je voudrais obtenir de toi, femme, de qui les promesses sont une vérité : c’est que je sache toutes les actions du monarque aux dix visages, ses discours touchant Râma et ce qu’il aura décidé même en conseil. »

À ces mots d’elle, Saramâ, troublée par ses larmes, répondit à Sîtâ d’une voix douce ces nobles paroles : « Si c’est là ton désir, belle Djanakide, je pars à l’instant pour l’accomplir. » Elle dit et s’en alla près du puissant Démon, où elle entendit tout ce que Râvana délibérait