Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/193

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À ces paroles mordantes, que lui jetait le roi des singes, Râvana fut saisi d’une violente colère, et, les yeux tout enflammés d’une fureur débordante, il dit alors plus d’une fois aux ministres : « Qu’on saisisse et qu’on châtie cet insensé ! » À peine Râvana, de qui la splendeur égale celle du feu, a-t-il articulé ces mots, quatre épouvantables noctivagues s’emparent aussitôt d’Angada. Le héros se laissa prendre volontairement lui-même pour donner sa force en spectacle dans l’armée des Yâtoudhânas. Mais Angada étreignit aussitôt dans ses deux bras les quatre noctivagues, et, les emportant comme des serpents, il s’envola sur le comble du palais, semblable à une montagne. Rejetés par lui du haut des airs avec impétuosité, tous ces Rakshasas alors de tomber sur la terre sans connaissance et la vie brisée. Le fortuné Angada frappe alors de son pied la cime du palais, et ce comble superbe tomba du choc aux yeux mêmes du monstre aux dix têtes. Quand il eut brisé le sommet du palais et proclamé son nom : « Victoire, s’écria-t-il, au roi Sougrîva, le puissant monarque des singes ! Et à Râma, le Daçarathide, et au vigoureux Lakshmana, et au vertueux roi Vibhîshana, le souverain des Rakshasas ! car il obtiendra ce vaste empire de Lankâ, après qu’il t’aura couché mort dans la bataille. »

Alors, joyeux, Angada se battit les bras avec ses mains, s’élança dans les cieux, revint en la présence du magnanime Râma, et, de retour aux pieds de Sougrîva, il rendit compte de toute sa mission. À peine Râma eut-il ouï ce rapport, tombé de la bouche d’Angada, qu’il fut ravi de la plus haute admiration et tourna ses pensées vers la guerre.

L’outrage fait à son palais avait allumé dans Râvana