Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/221

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si terrible dans les batailles étendu sans connaissance, les Rishis, les Dânavas et les Dieux poussent à l’envi des cris de joie. Revenu à lui aussitôt, le Démon prit des flèches acérées et s’arma d’un grand arc.

Le vaillant Râma, voyant le courage du puissant noctivague et tant de fameux héros des armées simiennes étendus sans vie, courut sus à Râvana dans ce combat même. Alors, s’étant approché de lui : « Monte sur mon dos, lui dit Hanoûmat, et dompte cet impur Démon ! » — « Oui ! » répondit à ces mots le Raghouide, qui, impatient de combattre et désireux de tuer le noctivague, monta vite sur le singe.

Porté sur Hanoûmat, comme Indra même sur l’éléphant Aîrâvata, le monarque des hommes vit alors dans le champ de bataille Râvana monté sur son char. À cette vue, le héros à la grande vigueur, tenant haut son arme, de fondre sur lui, comme jadis Vishnou dans sa colère fondit sur Virotchana. Et, faisant résonner le nerf de son arc au bruit tel que la chute écrasante du tonnerre, Râma d’une voix profonde : « Arrête ! arrête ! dit-il au monarque des Yâtavas. Après un tel outrage que j’ai reçu de toi, où peux-tu aller, tigre des Rakshasas, pour te dérober à ma vengeance ? Allasses-tu chercher un asile chez Indra, chez Yama ou vers le Soleil, chez l’Être-existant-par lui-même, vers Agni ou vers Çiva ; allasses-tu même dans les dix points de l’espace, tu ne pourrais aujourd’hui échapper à ma colère ! »

Il s’approche et brise de ses dards à la pointe aiguë le char de Râvana, avec ses roues, avec ses chevaux, avec son cocher, avec son ample étendard, avec sa blanche ombrelle au manche d’or. Puis, soudain, il darde au Démon lui-même dans sa poitrine large et d’une forme