Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/223

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Yakshas ou les Gandharvas, ni les Dânavas ou même les Dieux ne pourraient m’ôter la vie ; mais j’ai dédaigné de m’assurer contre les hommes. Voici même que ma ville, comme Nandî[1] me l’avait prédit un jour dans sa colère sur le mont Himâlaya, est assiégée par des êtres d’une figure semblable à son visage. Aujourd’hui les choses n’arrivent pas autrement qu’il ne fut dit par ces deux magnanimes. Elles n’étaient pas moins vraies, ces paroles que m’adressa le noble Vibhîshana. Ces discours sages de mon frère s’accomplissent : les événements qui surviennent sont justement ce qu’il avait prévu.

« Que Koumbhakarna d’un courage incomparable et qui a brisé l’orgueil des Dânavas et des Dieux soit réveillé du sommeil où il est plongé par la malédiction de Brahma ! Ce géant aux longs bras dépasse dans le combat tous les Rakshasas comme une cime de montagne : il aura tué bientôt les singes et les deux princes Daçarathides. »

À ces paroles du monarque, les Rakshasas de courir avec la plus grande hâte au palais de Koumbhakarna.

Mais, rejetés au dehors par le vent de sa respiration, ces robustes Démons ne purent même y rester. Quelle que fût leur puissante vigueur, le souffle seul du géant les repoussa hors du palais : enfin, avec de grands efforts et beaucoup de peine, les Yâtavas parvinrent à rentrer dans cette habitation charmante au pavé d’or. Là, ils virent alors couché, dormant, tout son aspect glaçant d’effroi et le poil dressé en l’air, cet horrible chef des Naîrritas, ce mangeur de chair, effrayant par ses ronflements, soufflant comme un boa, avec une tempête de respiration

  1. Singe et conseiller de Çiva, habitant comme lui sur les cimes de l’Himavat.