Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

karna : « Assurément, c’est pour la destruction du monde, que tu fus engendré par le fils de Poulastya ; mais, puisque tu n’emploies tes soins et cette force, dont tu es doué, qu’à ravager le monde, désormais tu vas dormir, semblable à un mort ! »

« Aussitôt, vaincu par la malédiction de Brahma, le Rakshasa tombe, et s’endort !

« Quand il vit son frère étendu et plongé dans un profond sommeil, alors, agité par la plus vive émotion : « On ne jette pas à terre, dit Râvana, un arbre d’or, parce qu’il n’a point rapporté de fruits dans la saison. Souverain maître des créatures, il n’est pas séant que ton petit-fils dorme ainsi. L’auguste parole, dite par toi, ne peut l’être en vain : il dormira donc, ce n’est pas douteux ; mais fixe pour lui un temps alternatif de sommeil et de veille. » À ces mots de Râvana : « Eh bien ! répondit l’Être-existant-par-lui-même, il dormira six mois, et restera éveillé un seul jour. J’accorde toute la durée d’un jour à ce héros affamé pour se promener sur la terre, y faire des choses égales à lui-même et se pourvoir de nourriture. »

« C’est Râvana lui-même, qui maintenant, épouvanté de ta valeur et tombé dans l’adversité, fit sans doute réveiller Koumbhakarna. Ce héros vigoureux va sortir, crois-le bien ! et, dans sa violente colère aiguisée par la faim, il va dévorer les singes. »


Le prince des Rakshasas à la grande vigueur, mais encore plein de l’ivresse du sommeil, était arrivé dans la rue royale, environné de splendeur.

Il vit la charmante demeure du monarque des Rakshasas, vaste habitation ; revêtue d’une immense richesse