Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/295

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Entrées dans cet épouvantable champ de bataille, elles cherchent leur époux sans vie : « Hélas ! mon noble mari ! » s’écrient-elles de tous les côtés. « Hélas ! mon protecteur. » Elles parcourent cette terre au sein jonché de cadavres, pleine de vautours et de chacals, résonnante aux cris des hérons et des corbeaux, et qui n’était plus qu’un bourbier de sang.

Absorbées dans le chagrin et les yeux baignés de larmes, se lamentant comme de plaintives éléphantes, elles ne brillaient point alors ces femmes qui pleuraient un époux tué dans ce terrible monarque. Elles virent là ce vaillant Râvana au grand corps, à la grande splendeur, tombé sur la terre et semblable à une montagne écroulée de noir collyre. À la vue de leur époux mort, couché dans la poussière du champ de bataille, elles se laissent tomber sur ses membres, comme des lianes coupées avec les arbres d’une forêt.

Celle-ci l’embrasse avec respect et pleure dans cette posture, celle-là prend ses pieds, une autre lui passe ses bras autour du cou. Telle jette ses bras en l’air, puis se roule sur la terre ; l’une s’évanouit, en voyant la face de Râvana glacée par la mort ; l’autre soulève dans son giron la tête du monarque et pleure accablée de chagrin, lavant ce pâle visage de ses larmes, comme l’aurore inonde un lotus de gelée blanche.

Ainsi désolées à l’aspect de leur époux immolé dans la bataille, elles manifestaient leur désespoir sous différentes formes et se lamentaient à l’envi l’une de l’autre.

Tandis que les épouses et concubines royales se désolaient dans le champ de carnage, la plus auguste des épouses et la bien-aimée du roi contemplait son époux avec tristesse. Et quand elle eut promené ses regards