Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/37

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Tandis que tous les singes étaient assis sur la montagne au sein du jeûne, voici venir dans ces lieux le roi des vautours, chargé d’années, Sampâti, fameux par son courage et sa vigueur, le plus éminent des oiseaux, le frère aîné du vautour Djatâyou. Sorti d’un antre ouvert dans les flancs du grand mont Vindhya, il vit les singes couchés là et prononça tout joyeux ces paroles : « Sans doute il y a dans l’autre monde une fortune qui dirige ici-bas les choses avec sa loi, car je trouve enfin, après un si long jeûne, ce festin servi là pour moi ! Je vais donc manger, à mesure qu’ils mourront, ce qu’il y a de plus exquis dans les plus excellents des singes ! » Quand il eut dit ces mots, Sampâti resta là, tenant ses regards attachés sur les singes.

À peine Angada eut-il entendu ces paroles épouvantables du roi des vautours, qu’il adressa, tremblant au plus haut point, ce langage au vertueux Hanoûmat : « Voici le fils de Vivasvat, Yama lui-même, que la perte de Sîtâ fait venir ici devant nos yeux pour le malheur des singes.

« Après qu’il a perdu, et Djatâyou, et Bâli, et Daçaratha lui-même, ce rapt de Sîtâ jette encore ici les singes dans un affreux péril. Heureux ce roi des vautours qui tomba sous les coups de Râvana, en déployant sa vaillance pour la cause de Râma ! »

Aussitôt qu’il eut ouï ces paroles échappées à la bouche d’Angada, l’amour qu’il portait à son frère mineur fit tout à coup palpiter le cœur de Sampâti. Debout sur le mont sublime, l’inaffrontable vautour au bec acéré tint ce discours aux singes entrés dans le jeûne afin d’y mourir : « Qui parle ici de Djatâyou, qui m’est plus cher que la vie ?