Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/44

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ils virent l’ermite arrivé sur le seuil de sa chaumière, eux alors de se disperser par tous les points de l’espace : telle se rompt l’escorte des troupes et des ministres aussitôt que le monarque est rentré dans son palais.

« Le saint anachorète, m’ayant vu garder le silence, entra dans son ermitage ; mais il en sortit après un instant, et me demanda quelle affaire m’avait conduit en ce lieu. « Ta couleur effacée, me dit-il, et tes ailes détruites ont empêché d’abord que je ne te reconnusse ; mais voici qu’un souvenir me ramène auprès de toi.

« J’ai vu autrefois deux vautours d’une vitesse égale à la rapidité du vent ; tous deux ils étaient les rois des vautours, sous les formes de la Mort : l’aîné se nommait Sampâti, le plus jeune s’appelait Djatâyou. Un jour, s’étant revêtus de la forme humaine, ils vinrent ici toucher mes pieds.

« Quelle maladie est tombée sur toi ? Comment est venue la chute de tes ailes ? Qui t’a donc infligé ce châtiment ? Je veux savoir cela dans la vérité. »

« À ce langage, que m’avait tenu cette âme juste, mon visage se remplit un peu de larmes au souvenir de mon frère. Mais, arrêtant bientôt le torrent de ces pleurs, que m’arrachait l’amour fraternel, je réunis mes deux pattes en forme d’anjali et j’instruisis le grand anachorète de ce qu’il désirait connaître : « Vénérable saint, retenu et comme abattu par la confusion que tu m’inspires, il m’est impossible de te raconter cela : vois ! ma bouche est obstruée par les pleurs. Sache, bienheureux, que tu vois en moi Sampâti et que j’ai commis une faute : oui ! je suis le frère aîné du vautour Djatâyou, ce héros que j’aime ! Comment cette difformité a-t-elle remplacé mes deux