Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/79

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époux : « À mon aspect, te cachant çà et là dans ta crainte, tu voudrais te plonger au sein de l’invisibilité. Il n’est ici, noble dame, ni hommes quelconques, ni Rakshasas mêmes : bannis donc la terreur, Sîtâ, que t’inspire ma présence. Prendre les femmes de force et les ravir avec violence, ce fut de toutes manières et dans tous les temps notre métier, dame craintive, à nous autres Démons Rakshasas.

« Je t’aime, femme aux grands yeux ! Sache enfin m’apprécier, ma bien-aimée, ô toi, en qui sont réunies toutes les perfections du corps, et qui es l’enchantement de tous les mondes ! Ainsi, je ne te verrais plus armée de cette haine contre moi, noble dame. Reine, tu n’as rien à craindre ici ; aie confiance en moi : accorde-moi ton amour, chère Vidéhaine, et ne reste point ainsi plongée dans le chagrin. Ces cheveux, que tu portes liés dans une seule tresse, comme les veuves, cette rêverie, cette robe souillée, cet éloignement des bains, le jeûne : ce ne sont pas là des choses qui siéent pour toi.

« Ce qu’il te faut, ce sont les guirlandes variées, les parfums d’aloès et de sandal, les robes de toute espèce, les célestes parures, les plus riches bouquets de fleurs, des lits précieux, de magnifiques siéges, et le chant, et la danse, et les instruments de musique : car je t’égale à moi, princesse du Vidéha. Tu es la perle des femmes ; revêts donc tes membres de leurs parures : comment peux-tu, noble dame, toi, femme de haut parage, te montrer ainsi devant mes yeux ?

« Elle passera cette jeunesse que tu pares avec tant de beauté ; ce rapide fleuve du temps est comme l’eau ; une fois écoulé, il ne revient plus !

« Viçvakarma, l’artiste en belles choses, après qu’il