Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/83

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« Les forces ne seront pas égales dans cette guerre, prête à fondre ici entre eux et toi. Bientôt accompagné du Soumitride, Râma s’en ira de ces lieux, emportant avec la tienne les vies de ton armée, comme le soleil passe, ayant tari une flaque d’eau. »

Le monarque des Rakshasas, quand il eut ouï ces paroles amères de Sîtâ, répondit en ce langage odieux à cette femme d’un aspect aimable : « J’ai toujours été avec toi comme un flatteur, esclave des femmes ; mais, à chaque fois, tu m’as traité comme un être à qui l’on paye en mépris la douceur de ses paroles.

« Pour chacune des paroles outrageantes que tu m’as dites, Mithilienne, une horrible mort ne serait qu’un juste châtiment. Mais il me faut patienter encore deux mois : je t’accorde ce temps : puis, monte dans ma couche, femme aux yeux enivrants. Passé le terme de ces deux mois, si tu refuses de m’accepter pour ton époux, mes cuisiniers te couperont en morceaux pour mon déjeuner !

« Râma ne pourra jamais te reconquérir, Mithilienne, comme Hiranyakaçipou ne put enlever Poulakshmî venue dans les mains d’Indra. »

À la vue de cette belle Djanakide ainsi menacée par le monstre aux dix têtes, les jeunes filles aux grands yeux des Gandharvas et des Dieux furent saisies par la douleur. Résolues à la défendre, elles se mirent, avec les mouvements de leurs yeux obliques et les signes de leurs visages à rassurer Sîtâ contre les menaces du hideux Rakshasa.

Raffermie par elles, Sîtâ, justement fière de sa belle conduite, tint ce langage utile pour lui-même à ce Râvana, qui fit verser tant de larmes au monde :