Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

monarque des Rakshasas, l’âme pleine de colère et d’amour, sortit abandonnant la Djanakide.


Le monarque des Rakshasas était à peine sorti et retourné dans son gynæcée, que les Rakshasîs aux formes épouvantables s’élancèrent toutes vers Sîtâ. Ces furies aux visages difformes commencent par se moquer de leur captive ; ensuite elles couvrent à l’envi de paroles choquantes et d’injures cette infortunée, à qui des louanges seules étaient si bien dues.

« Quoi ! Sîtâ, tu n’es pas heureuse d’habiter ce gynæcée, meublé de couches somptueuses et doué complétement des choses que l’on peut désirer ? Pourquoi donc es-tu fière d’avoir un époux de condition humaine ? Détourne ta pensée de Râma ; tu ne dois plus jamais retourner vers lui !

« Pourquoi ne veux-tu pas être l’épouse du monarque des Naîrritas, lui, de qui le bras a vaincu les trente-trois Dieux et le roi des Immortels ? Pourquoi, ma belle, toi, simple humaine, ne pas élever ton ambition au-dessus d’un humain, ce Râma, qui ne jouit pas d’une heureuse fortune, qui est exilé de sa famille, qui vit dans le trouble, qui est enfin tombé du trône ? »

À ces mots des Rakshasîs, la Djanakide au visage de lotus répondit en ces termes, les yeux remplis de larmes : « Mon âme repousse comme un péché ce langage sorti de votre bouche, ces affreuses paroles, exécrées du monde. Qu’il soit malheureux ou banni de son royaume, l’homme qui est mon époux est l’homme que je dois vénérer, comme l’épouse de Bhrigou ne cessa point d’estimer cet anachorète à la grande vigueur. Il est donc impossible