Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

au grand Indra lui-même. Abandonne Râma, un malheureux, un homme ! et que ton cœur incline vers Daçagrîva. Embaumée d’un onguent céleste et parée de célestes atours, sois désormais la souveraine de tous les mondes, comme Swâhâ est l’épouse du Feu et Çatchî l’épouse de l’auguste Indra.

« Que veux-tu faire de ce Râma, un misérable, qui, pour ainsi dire, n’est déjà plus ? Accepte Râvana comme un époux qui est tout dévoué à toi et de qui les pensées, belle dame sont toutes pour toi ! Si tu ne suis pas ce conseil, que, moi ! je te donne ici, nous allons toutes, à cette heure même, te manger ! »

Une autre furie, horrible à la vue et nommée la Déhanchée, dit en vociférant, les formes toutes courroucées et levant son poing : « C’est trop de paroles inconvenantes, que notre douceur et notre bienveillance pour toi nous ont fait écouter patiemment ! À cause de toi, ma jeune enfant, nous sommes accablées de peines et de soins : à quoi bon tarder, Sîtâ ? Aime Râvana, ou meurs ! Si tu ne fais pas ce que je dis là, toutes les Rakshasîs vont te manger à cette heure même, n’en doute pas ! »

Ensuite Tête-de-cheval, rôdeuse épouvantable des nuits, la bouche en feu et les yeux enflammés dit, la tête penchée sur la poitrine, ces mots avec colère à l’épouse de Râma : « Longtemps nous avons mêlé nos caresses aux avis que nous t’avons donnés, Mithilienne, et cependant tu n’as pas encore suivi nos paroles salutaires et dites à propos. Tu fus amenée sur le rivage ultérieur de la mer inabordable pour d’autres, et tu es entrée, Mithilienne, dans le gynæcée terrible de Râvana. C’est assez verser de larmes ! abandonne cet inutile chagrin ! Le Dieu même qui brisa les cités volantes ne pourrait te délivrer, enfer-