Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/794

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ou pour avoir cru qu’elles n’existent point dans l’œuvre harmonique et providentielle du monde, que trop, d’âmes généreuses se laissent entraîner à l’utopie socialisée, drapée dans quelque manteau, de religion qu’elle usurpe. Les bonnes volontés et les enthousiasmes, font sans doute les grands cœurs ; mais un grand cœur ne garantit jamais contre de grandes illusions et pas même toujours contre de grandes chutes, quand il n’est pas doublé et soutenu par un grand esprit que le travail a formé et que la science a pénétré.


Puissent donc les pages, qui précèdent aider à la diffusion de la vérité ! Une fois de plus nous répéterons que cette vérité est une, et que, trouvée dans l’ordre scientifique par la maison et l’expérience, elle ne s’y contredit point avec ce qu’elle est elle-même dans un autre ordre, quand elle est révélée dans, celui-ci par la foi.

Et cependant ni la science, ni l’art de l’économie politique ne suffisent à assurer la richesse et la prospérité, des peuples, bien loin de pouvoir donner aux individus le bonheur qui résulte du juste sentiment que l’on a d’être heureux. Pourquoi cela ? C’est que, si l’économie politique s’adresse à l’intelligence pour l’éclairer, sur la manière d’atteindre un but, elle n’a rien cependant de l’impératif qui peut s’adresser à la volonté pour mouvoir celle-ci ; c’est qu’elle laisse l’homme en proie à ses passions et ses vices ; c’est que, enfin, ces passions et ces vices peuvent être plus forts que tous les conseils de la science, et toutes les lumières de la raison, pour détourner les populations du travail et de l’épargne, et pour leur arracher les vertus naturelles de la tempérance et de la prudence. Nos masses ouvrières sont prêtes à se ruer dans la Révolution ; et devant le progrès que la paresse et l’envie ont fait faire aux doctrines les plus subversives du socialisme, nous nous demandons avec tristesse si la France, malgré toutes les gloires de son passé, malgré tout l’éclat de son