Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/793

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pensée, comme aussi les novateurs en matière religieuse et les novateurs en matière sociale se la donnaient également de l’autre côté. La logique commandait ce rapprochement, et il était particulièrement remarquable, soit autour de M. Fonsegrive à la rédaction de la revue la Quinzaine, aujourd’hui disparue, soit dans un bon nombre de groupes ou cercles dits « d’études sociales ».

Cette fois, c’était dans l’ordre des croyances que Pie X déchirait résolument toutes les illusions. Mais le discrédit qui atteignait ainsi, aux yeux des catholiques, les théories religieuses de tel ou tel penseur, ne pouvait pas ne pas rejaillir sur ses théories sociales, très vivement discutées déjà dans le monde catholique.

Voilà ce qu’il reste du socialisme chrétien à l’heure où nous écrivons ces lignes. Il n’est, croyons-nous, qu’un souvenir historique destiné à bientôt s’effacer dans le tourbillon des idées et des événements. Dans le domaine des croyances religieuses, les rameaux qui se détacheraient de l’arbre de vie et qui ne se nourriraient plus de sa sève, arriveraient vite à s’étioler et à se flétrir ; dans le domaine des idées sociales, les bouleversements qui nous menacent et les ruines que nous prépare la Confédération générale du travail, risquent aussi de nous montrer que les sociétés ne peuvent pas se flatter de jouir de leurs richesses dans une sécurité indéfinie, lorsqu’elles rompent avec les vérités et les principes de la loi naturelle et divine.

Parvenu à ce terme de la route que nous nous étions tracée et que nous avons été obligé de parcourir à grands pas, nous nous arrêterons sur le conseil que le Rév. Kerby, professeur à l’Université catholique de Washington, donne à la jeunesse en terminant son étude sur le « socialisme aux États-Unis ». Il lui demande d’aborder la vie avec la pleine connaissance de « la vérité sociale » et des « lois économiques »[1]. C’est, en effet, pour avoir ignoré ces lois

  1. Kerby, Socialisme aux États-Unis, p. 239.