Le bienveillant accueil que le public a daigné faire à nos Éléments d’économie politique[1] ; les témoignages trop flatteurs que nous avons recueillis à leur apparition ; enfin, la pratique déjà longue que nous avons de l’enseignement de l’économie politique et la nécessité où nous sommes, à d’autres titres, d’en suivre les principales productions, tous ces motifs nous ont encouragé puissamment à entreprendre cette tâche, sous la forme brève et sommaire que nous semble devoir revêtir un manuel.
Le programme, d’après le décret du 30 avril 1895, parle de « doctrines » économiques. Il ne s’agit donc ni d’une histoire des institutions économiques, comme celle à laquelle Adolphe Blanqui et le comte de Villeneuve-Bargemont avaient consacré, il y a plus d’un demi-siècle, une partie importante de leurs ouvrages[2], ni du vaste essai d’une explication de l’histoire universelle par l’économie politique.
Sous ce dernier aspect, il y aurait à montrer comment la situation effacée ou prépondérante que les peuples ont occupée aux diverses périodes de leur histoire, a été en une certaine relation avec leurs institutions économiques et sociales, soit envisagées en elles-mêmes et d’une manière absolue, soit surtout considérées au regard des institutions
- ↑ Paris, Larose ; Lyon, Auguste Côte. — 1re édition, 1895 ; 2e édition, 1896.
- ↑ Blanqui, Histoire de l’économie politique, 1838 ; — de Villeneuve-Bargemont, Histoire de l’économie politique, 1841.
par ses vives sympathies pour M. Gide (Note de la 2e édition). — Comme ouvrages plus considérables, il faut citer l’Histoire des systèmes économiques et socialistes de M. Denis (t. I, 1904 ; t. II, 1907), qui ne va guère encore au delà de 1820 et qui est conçue comme une sorte de démonstration ou apologie doctrinale du socialisme ; puis le Précis des doctrines économiques dans leurs rapports avec les faits et avec les institutions, de M. Dubois, dont le premier volume, paru en 1903, n’embrasse que « l’époque antérieure aux physiocrates ». La partie bibliographique en est particulièrement remarquable. Cependant M. Dubois, qui a de longues nomenclatures d’ouvrages, ne connaît pas ou ne parait pas connaître notre Histoire parue pour la première fois en 1898 et la seconde édition en 1902. — En dehors de ces deux ouvrages, dont le premier est inabordable pour les étudiants et dont aucun n’est achevé, nous citerons, de M. Albert Schatz, l’Individualisme économique et social, Paris, 1907, qui, sous cet aspect d’une histoire seulement de l’individualisme, pénètre sur le domaine à peu près entier de l’histoire des doctrines économiques (Note de la 3e édition).