Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/121

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tain que le tarif de douanes de 1664 est construit dans un esprit beaucoup plus large que celui de 1667.

Colbert ajoute tout un système d’encouragements en faveur de la grande industrie. En dehors des petits fabricants, disséminés un peu partout, organisés en communautés et en corporations dans les Villes, mais jouissant d’une entière liberté dans les campagnes[1], on voit surgir en assez grand nombre des manufactures, soit royales, soit simplement privilégiées. Les manufactures royales (si l’on excepte les Gobelins et la Savonnerie, vraies manufactures d’État ; qui correspondent à nos manufactures nationales de maintenant) étaient des entreprises privées qui avaient obtenu des lettres patentes du roi, dont le personnel, soit ouvrier, soit patron, jouissait de certaines exemptions et qui, en certains cas, obtenaient des dons ou des prêts, soit de la cassette du roi, soit des États de la province[2]. Les manufactures simplement privilégiées jouissaient de monopoles exclusifs : mais Colbert, convaincu que « les nouveaux établissements sont toujours avantageux aux peuples », aimait peu ces privilèges, qui, selon lui, « contraignent toujours le commerce et la liberté publique[3] ». Sa réserve, malheureusement, ne fut pas imitée par ses successeurs.

    miers temps de son ministère, car toutes les ordonnances de cette époque étaient favorables à la liberté dû commerce. C’est seulement quand il voulut donner une impulsion énergique à nos manufactures qu’il réfléchit au parti qu’on pourrait tirer de la prohibition des produits étrangers. Tous les fabricants intéressés à l’élévation du prix des marchandises, devinrent dès ce moment ses auxiliaires, et prirent avec ardeur la défense d’un système qui leur assurait d’immenses bénéfices. En même temps le fisc avait sa part des droits auxquels étaient assujettis les articles importés, et cette alliance contribua encore à fortifier le préjugé public » (Blanqui, Histoire de l’économie politique, t. II, p. 25).

  1. G. Martin, op. cit., p. 17. — Voyez du même auteur une monographie très détaillée et très intéressante, l’Industrie et le commerce du Velay aux XVIIe et XVIIIe siècles, le Puy, 1900.
  2. G. Martin, la Grande industrie sous le règne de Louis XIV, pp. 8 et s., — Ibid., pp.97 et s.
  3. G. Martin, op. cit., p. 18 ; — Clément, op. cit., t. I, p. 309 ; — des Cilleuls, op. cit., p. 34.