Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/141

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Vauban parmi les auteurs économiques[1]. Au milieu de ses courses continuelles à travers la France, Vauban avait été frappé de la misère générale du royaume. Il voudrait que le roi y remédiât par une meilleure répartition des impôts. L’impôt, selon lui, devrait être proportionnel aux revenus, sans privilège ni exemption ; il devrait être perçu en nature, afin que la charge que les contribuables en supportent, variât en exacte relation avec les quantités et les prix des récoltes ; enfin, pour que la perception en fût plus simplifiée il devrait être unique, autant que possible.

Vauban, passant à l’application de la théorie, n’en conclut pas moins à quatre « fonds » ou branches d’impôts. Le premier, qui est le principal, consiste en une dîme en nature sur le produit, brut des biens-fonds ; cette dîme ne prendrait ordinairement que le quinzième de ce produit, sauf nécessité absolue, et elle ne pourrait jamais dépasser le dixième. Sa proportionnalité, comparée à l’arbitraire de la taille, aurait l’avantage de ne pas décourager le cultivateur des améliorations à effectuer dans son domaine[2]. Le second fonds comprendrait une dîme sur le revenu des maisons, des moulins, des rentes, gages et pensions, et des bénéfices industriels évalués par des sortes de Chambres de commerce. Le troisième fonds se composerait de là gabelle ou taxe sur le sel, mais sensiblement réduite de son taux d’alors. Enfin le quatrième fonds, dit « revenus fixes », renfermerait les domaines, parties casuelles, francs--

    démontrer le mercantilisme de Vauban, soit par la Dîme royale, soit par les Oisivetés, tandis que MM. Michel et Liesse, liés peut-être par les opinions préconçues de l’Académie mettant au concours le sujet de « Vauban économiste », devaient être gênés pour relever toutes les opinions mercantilistes de leur auteur.

  1. Vauban avait laissé aussi, en manuscrit, de très nombreux essais et mémoires recueillis par lui-même dans ses Oisivetés, qui avaient douze volumes in-folio, au dire de Fontenelle. Une partie de ces Oisivetés ont été perdues (Daire, Notice sur Vauban, 1851, dans la collection des Économistes de Guillaumin, p. 31).
  2. Boisguilbert confirme que la crainte d’une augmentation de la taille dissuadait les paysans d’avoir plus de bétail et d’améliorer leurs fonds (Détail de la France, IIe partie, ch. VII).