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environ les 100 kil. — Pour la sortie par mer, vingt-sept ports, puis bientôt trente-six en tout, furent désignés, la sortie ne pouvant avoir lieu que sous pavillon français. L’édit de 1764 est purement inspiré par les physiocrates, comme en fait foi le passage sur la nécessité « d’animer et d’étendre la culture des terres, dont le produit est la source la plus réelle et la plus sûre de la richesse d’un État ».

L’Averdy fut moins heureux avec le traité Malisset, qui devint le point de départ de la fameuse légende révolutionnaire du pacte de famine, légende trop facilement acceptée par Henri Martin et même par Maxime du Camp[1]. Il s’agissait tout simplement d’une soumission qu’un gros négociant en blé, nommé Malisset, passa pour douze ans, le 28 août 1765, pour s’obliger, moyennant diverses commissions et divers avantages, à entretenir et à renouveler dans les magasins du roi autour de Paris une quantité de 40.000 setiers de blé qu’il prenait en charge et qu’il ne pouvait diminuer en une certaine mesure que dans les périodes de bon marché. Mais la concurrence trop inégale que Malisset faisait aux négociants ordinaires, découragea le commerce libre et poussa forcément au monopole. Aussi l’intendant des finances chargé des approvisionnements, Trudaine de Montigny fils, partisan lui-même de la liberté, imagina de passer avec un autre négociant un marché qui, en préjudiciant à Malisset par une concurrence inattendue, l’amena à solliciter de lui-même, pour le 31 octobre 1768, la résiliation d’un contrat aussi onéreux pour le roi que funeste au pays tout entier.

Pendant ce temps, grâce à la législation plus libérale de 1763 et de 1764, l’agriculture semblait se reprendre, non seulement au témoignage des physiocrates, mais de l’aveu même de leurs adversaires.

  1. Henri Martin, Histoire de France, t. XVI ; — Maxime du Camp, Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie. — Sur le pacte de famine, Biollay, dans ses Études économiques sur le XVIIIe siècle, 1885 ; — Bord, Histoire du blé en France, 1887 ; — Afanassiev, op. cit., ch. XIV, pp. 287-341.