tain moment. D’un côté se trouvaient Quesnay, Mirabeau père, Baudeau et quelques autres, convaincus que l’agriculture seule produit, tandis que la classe des industriels ; et des commerçants n’est qu’une classe stérile ; de l’autre côté se plaçaient Turgot et Morellet (nous ne parlons plus de Gournay, mort dès 1759), préoccupés avant tout de la liberté du commerce. Ce fut ce dernier groupe qui finit par l’emporter. Dupont avait été d’abord avec Quesnay : il se rallia peu à peu aux idées de Turgot, et il finit par réunir devant l’histoire, sous le nom générique de « physiocrates », les « économistes » proprement dits, sectateurs de Quesnay, et le groupe de Turgot.
Déjà aussi l’astre de Quesnay pâlissait. Voltaire, dans l’Homme aux quarante écus, avait raillé son disciple Mercier de la Rivière ; et Forbonnais, en 1767, avait discuté et combattu très sérieusement son Tableau économique. D’autre part, la mauvaise récolte de 1767 avait amené une cherté du blé que le peuple, toujours facile à séduire dans les périodes de disette et de calamités, attribua à la liberté du commerce et de l’exportation. L’abbé Terray, qui avait succédé en 1769, comme contrôleur général, à Maynon d’Invau, rétablit la réglementation du commerce des céréales. Les Éphémérides du citoyen, découragées par les ciseaux de la censure, ne tardèrent pas elles-mêmes à disparaître, en 1772. Si la carrière n’était pas encore achevée, au moins le prestige était-il évanoui.
Le parti trouva cependant un regain de popularité avec l’élévation de Turgot au ministère, lorsque Louis XVI, prenant le pouvoir avec un esprit appliqué et des vues irréprochables, inaugura son règne en rappelant au contrôle général des finances le seul homme dont les lumières et l’énergie auraient pu conjurer la Révolution et y substituer les réformes, si le roi avait eu l’audace de le soutenir jusqu’au bout. C’était en août 1774. Le 16 décembre de la même année mourut Quesnay, et le 12 mai 1776 Turgot fut invité à donner sa démission. Au commencement de la