maisons, survivent à l’effort présent et se conservent pour l’avenir.
Tel est le processus de la production et de la matière produite ; et Quesnay n’hésita pas à essayer de représenter par des chiffres l’évolution et la répartition du produit brut telles qu’il les envisageait. Il supposait, par exemple, un produit agricole brut de cinq milliards, sur lesquels deux milliards représentaient les avances à faire à la reproduction et l’entretien en nature de la classe productive. Restait un produit net de trois milliards. Alors « les trois milliards, que la classe productive a reçus pour les ventes qu’elle a faites aux propriétaires du revenu et à la classe stérile, sont employés par la classe productive au paiement du revenu de l’année courante, de deux milliards, et en achat d’un milliard d’ouvrages qu’elle paye à la classe stérile[1]. »
Comment expliquer logiquement cette thèse de la productivité exclusive de l’agriculture et de la stérilité essentielle de l’industrie et du commerce[2] ? Pour répondre à la question, il faut peut-être se souvenir que les récoltes semblèrent naître de la terre et pour ainsi dire être créées par elle, aussi longtemps que la chimie n’eut pas démontré que les végétaux sont une vivante transformation des éléments de l’atmosphère et du sol. Quesnay disait « qu’une production est une richesse renaissante[3] » ; et encore un demi-siècle plus tard Jean-Baptiste Say, qui tient aux physiocrates par plus d’un côté[4], écrivait que « le champ est comme un creuset dans lequel vous mettez du minerai
- ↑ Analyse du tableau économique, édition Oncken, p. 311.
- ↑ Consulter sur ce problème le très bon travail de M. Louis Pervinquière, Contribution à l’étude de la notion de productivité dans la physiocratie, 1906.
- ↑ Mémoire de « l’ami de M. H. » (Oncken, p. 390).
- ↑ L’industrie manufacturière ou commerçante, — dit-il, par exemple — qui fonde ses revenus sur la consommation étrangère, est de toute la plus précaire, la plus dépendante des hommes et des événements… Elle ne voit dans les autres peuples que les profits qu’on en peut tirer » (Traité d’économie politique, 1re. édition, 1. I, ch. XXI).