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de l’opulence chez différentes nations », est un exposé de vues historiques, gâté par des théories métaphysiques préconçues, mais intéressant encore par les aperçus qui s’y trouvent sur la solidarité naturelle des intérêts entre les villes et les campagnes.

Le livre IV, consacré « aux systèmes d’économie politique », s’ouvre par une sorte de définition, très critiquée, de l’économie politique. Au lieu d’y voir une science qui préexiste logiquement à l’art pour contribuer à l’inspirer, Smith se borne à assigner à l’économie un but purement pratique. D’après lui, elle « se propose deux objets distincts : 1° procurer au peuple un revenu ou une subsistance abondante ; 2° fournir à l’État ou à la communauté un revenu suffisant pour le service public[1]. » Dans l’esprit d’Adam Smith elle ne serait donc qu’une des branches de la politique.

Après cela Smith ramène à deux les systèmes qui ont été soutenus avant lui : 1° le système mercantile (c’est lui qui a introduit ce mot) ; 2° le système agricole (ou physiocratique)[2].

Il commence par le système mercantile, qui, dit-il, est « moderne et le plus connu dans le pays et le siècle où j’écris[3] ». Smith, ici, avait pleinement raison, puisque l’Angleterre en était restée généralement à Mun et à Child, malgré tout l’ascendant que la physiocratie avait pris en France. Il est judicieux quand il classe les deux périodes successives du mercantilisme, la première caractérisée par la prohibition directe de la sortie du numéraire, et la seconde (qu’on appelle parfois le néo-mercantilisme) caractérisée par la théorie de la balance du commerce[4] ; il est surtout intéressant quand il fait la critique des « en-

  1. Voyez la discussion et la réfutation de cette thèse dans Maurice Block, Progrès de la science économique depuis Adam Smith, 2e édition, t.1, p. 6.
  2. La réfutation du système mercantile remplit les chapitres i-viii ; celle du système agricole, le chapitre ix seulement.
  3. L. IV, intr., t. II, p. 2.
  4. Ibid., ch. i, t. II, pp.4 et 5.