On connaît enfin la classification des industries en industrie agricole (y compris les mines), industrie manufacturière et industrie commerciale[1] : classification qui, en juxtaposant ainsi bien malgré elles l’agriculture et les mines, nous fait involontairement ressouvenir des anciennes doctrines physiocratiques sur la nature et sur la production[2].
IV. Théorie des débouchés. — La théorie des débouchés est la plus grande contribution que J.-B. Say ait apportée à la science économique. Elle se rattache chez lui à une autre idée bien simple : c’est qu’une vente n’est que la moitié d’un échange. « Les ventes et les achats, dit-il dans son Catéchisme, ne sont, dans la réalité, que des échanges de produits… La monnaie n’est pas le but, mais seulement l’intermédiaire des échanges[3]. » Mais Le Trosne l’avait dit avant lui et presque aussi bien[4], et il n’était pas même le seul parmi les physiocrates.
De là à la théorie des débouchés il n’y a qu’un pas[5]. « Ce n’est jamais, dit Say, la volonté d’acquérir qui manque aux hommes ; c’est le moyen. Or, ce moyen, en quoi consiste-t-il ? C’est de l’argent, s’empressera-t-on de répondre. J’en conviens, mais je demande à mon tour par quels moyens cet argent arrive aux mains de ceux qui veulent acheter : ne faut-il pas qu’il soit acquis lui-même par la vente d’un autre produit ? L’homme qui veut acheter doit commencer par vendre et il ne peut vendre que ce qu’il a produit ou
- ↑ Traité, I. 1, ch. ii. — Cours, Ire partie, ch. vii, 1.1, pp. 101-102. — Ibid., IIe partie, ch. vii, 1.1, p. 256.
- ↑ Voyez plus haut, p. 213 ; — Baudeau, Introduction à la philosophie économique, ch. i, art. v.
- ↑ Catéchisme, ch. xi, p. 41 des Œuvres diverses dans l’édition Guillaumin. — Comparez Cours complet, IIe partie, ch. ii, t. I, p. 74 : « Les biens, les richesses, y est-il dit, ne sont que passagèrement sous la forme de numéraire. »
- ↑ Voyez supra, p. 245. — Voyez Le Trosne, Intérêt social, ch. ii, § 2.
- ↑ Traité, I, I, ch. xv.
preneur retire chaque année un profit qui le récompense de ses soins, de son travail, de ses talents, de ses risques » (Réflexions sur la formation et la distribution des richesses, § 86).