Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/404

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politique… et une de ces matières qu’il est presque impossible de rendre élémentaires[1] ».

Le mercantilisme, plaçant la richesse dans la possession de l’or et de l’argent, avec lesquels s’achètent toutes choses, s’attachait finalement, dans le commerce international, à l’excédent des exportations sur les importations.

Adam Smith ébauchait la théorie des débouchés ; puis J.-B. Say la mettait après lui en plus complète lumière : mais l’un et l’autre, d’après l’opinion expresse de Stuart Mill sur Adam Smith, ne trouvaient au commerce extérieur d’autre mérite que celui de fournir des débouchés à l’excédent — des produits du pays et celui de permettre à une partie des capitaux indigènes des placements non moins utiles que lucratifs en dehors du pays[2]. Dans un cas comme dans l’autre, le pays devait importer seulement : 1° les richesses qu’il ne pouvait aucunement produire ; 2° les richesses que, capable sans doute de produire, il aurait pu seulement produire avec plus de peine que les autres pays.

Bastiat ne s’est pas élevé au dessus de cette conception, malgré sa formule du travail épargné : et il faut bien reconnaître que la simplicité de cet énoncé lui a valu beaucoup d’adhésions, surtout dans le monde des affaires et parmi les hommes qui ont la vanité d’être économistes plutôt qu’ils n’en ont la science.

Au contraire, la forme ardue de la théorie de la valeur internationale a rebuté forcément quiconque ne pouvait fixer longuement son attention sur des problèmes assez semblables, par intervalles, à la discussion des valeurs positives et négatives des équations algébriques.

Ricardo, James Mill, Stuart Mill et Cairnes — ce dernier cependant avec quelques corrections fort importantes

  1. Stuart Mill, Principes d’économie politique, 1. III, ch. xviii, § 1, éd. Guillaumin, t. II, p. 117.
  2. Stuart Mill, op. cit., 1. III, ch. xvii, § 4. t II, p. 112.