travail que des richesses de ce même genre — car je ne dis pas les richesses mêmes qui sont in specie l’objet du troc — renfermeront couramment en elles-mêmes. Partant, c’est donc tout naturellement par la quantité de travail que Ricardo va vouloir mesurer la valeur internationale des marchandises — un certain nombre de journées de travail en Angleterre achetant un certain nombre de journées de travail en Pologne ou bien en Portugal.
Dans l’intérieur d’une nation, l’échange se ferait sur un pied d’égalité, en ce sens que nous ne donnerions pas vingt journées de travail, ancien ou nouveau, incorporées en une certaine marchandise, pour nous procurer une certaine autre marchandise que nous aurions pu fabriquer nous-mêmes en quinze journées. Autrement dit, le travail acheté serait toujours tout au plus égal au travail épargné. Voilà bien la théorie du coût absolu. « Dans un même pays, ajoute Ricardo, les profits sont, en général, toujours au même niveau, ou bien ils ne diffèrent qu’en raison de ce que le capital peut être consacré à un emploi plus ou moins sûr et agréable[1]. » La raison en est que, si une partie du pays avait un avantage marqué pour produire une certaine richesse avec moins d’efforts, le travail et le capital y afflueraient vers cette production jusqu’à ce que les producteurs les moins favorisés des autres régions se fussent arrêtés de produire, ce qui nivellerait à nouveau les profits. « S’il y avait, dit Stuart Mill, un avantage spécial à fabriquer des chaussures sur la rive gauche de la Tamise, on n’en fabriquerait point sur la rive droite : car les cordonniers, s’ils n’étaient pas établis dès l’origine sur la rive gauche, s’empresseraient d’y transporter leur travail et leurs capitaux[2]. »
« Mais il n’en est pas de même d’un pays à l’autre », se