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Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/453

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rendement des terrains mis en culture les uns après les autres : donc le propriétaire du no 1 touchera plus que le propriétaire du no 2, et ainsi de suite ; celui du no 1 touchera à la fois un profit de capital (Ricardo, on le sait, disait profit et non loyer) et une rente, tandis que celui du no 2 ne touchera que ce profit. — À cela Carey répond que si l’on a commencé par les terrains maigres et pauvres, comme il l’a prouvé, le propriétaire du no 1 touchera son loyer de capital, non pas augmenté d’une rente, mais diminué de la différence entre le pouvoir de production du no 2 et du no 1. Ce qui démontre qu’il en est ainsi, dit-il, c’est que les terres anciennement cultivées sont vendues pour un prix inférieur au total des capitaux qu’elles ont reçues au cours des siècles, tandis qu’avec la théorie de Ricardo elles devraient être vendues contre le remboursement de ces capitaux, plus une somme représentant la valeur capitalisée de la rente. À plus forte raisons, dirons-nous, cette remarque pourrait-elle être faite pour l’Europe. Souvent aussi, dans la première mise en exploitation d’une terre, le capital est englouti en vain, au moins pour partie, parce que le premier exploitant s’était attaqué présomptueusement à une espèce particulière de sol dont on n’avait pas besoin pour ce moment là. L’homme jette alors son travail, en attendant de mourir à la peine[1].

4° Si l’on a commencé par les terres riches et si leur rente va en augmentant, le pourcentage du propriétaire sur le produit brut de la terre ira aussi en augmentant, et celui du cultivateur en diminuant. — Carey, combinant cette formule de Ricardo avec celle du rendement décroissant des capitaux additionnels — diminishing returns — montre qu’elle aboutit à la table suivante, qui n’est que l’extension, jusqu’au onzième degré, des calculs développés par Ricardo jusqu’au troisième seulement.

  1. Ibid., p. 61.