Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/469

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cher l’heureuse périodicité des bonnes récoltes à celle des taches de soleil ; et de là une théorie économique qui a obtenu — il faut bien le dire — plus d’attention que de crédit[1].

À Jevons se rattache, par les perfectionnements qu’elle a reçus, l’idée des index-numbers.

Tooke et Newmarch en avaient fait la-première application dans leur Histoire des prix ; l’Economist, qui l’applique régulièrement depuis 1865, fait autorité pour les résultats qu’il en donne. — On connaît sa méthode : prendre pour 22 marchandises les prix du 1er janvier et du 1er juillet ; les ramener en % à ce qu’ils avaient été en moyenne dans la période de 1845 à 1850 suivant les travaux antérieurs de Newmarch, et donner comme index-number de l’année écoulée un chiffre total qui sera égal, inférieur ou supérieur à 2.200 selon que le pouvoir de la monnaie sur les marchandises a été constant ou bien a été soit en augmentation, soit en diminution. On comprend en effet que si les prix sont les mêmes que les prix moyens des 1er janvier et 1er juillet 1845-1850, ou bien si les hausses des uns compensent exactement les baisses des autres, l’index-number sera 22 x 100, c’est-à-dire 2.200. Parti de 3.575 en 1865, l’index-number, à travers quelques mouvements en sens contraires, s’est abaissé jusqu’à 1.890 en 1898 et est depuis lors remonté à travers quelques variations.

Si ingénieux qu’il soit, le procédé présente bien des défauts, dont voici les deux plus graves : d’une part, les vingt-deux marchandises n’y sont pas affectées de coeffi-

  1. Tout autre est la thèse de M. Juglar. Celui-ci, en croyant à la périodicité naturelle des crises économiques, les considère comme « une des conditions du développement de la grande industrie », annoncées d’avance par les signes d’une grande prospérité. Il faut un temps assez régulier pour que toutes les phases de cette sorte de marée économique aient été franchies : mais cela s’expliquerait de soi-même par toutes les longues répercussions des effets de la loi de Coffre et de la demande, retardés, il est vrai, ou troublés à certains moments par les événements politiques. (Clément Juglar, Des crises commerciales et de leur retour périodique, Paris, 1862, et surtout pp. 5 et s.)