Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/498

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et de Newcastle, etc., les patriciens et les sénateurs de Rome suivant la remarque de Tacite, etc.[1]. Doubleday explique encore par là que dans les deux derniers siècles de la République et sous les Césars Rome ait vu les ingénus diminuer de nombre absolu, tandis que les esclaves et les affranchis se multipliaient d’une manière exclusive. Trop souvent cependant on doit critiquer dans Doubleday la confusion entre le taux de la natalité et la densité de la population, car ce sont là deux faits bien distincts : ainsi tous ses raisonnements sur la France, sur la Russie et les autres pays vus dans leur-ensemble ne jettent aucune lumière sur la question.

Mais la moindre natalité des classes les plus riches d’une population nous paraît bien un fait incontestable et tout à fait actuel, lorsque l’on compare, à Paris par exemple ou à Berlin, les quartiers riches et les quartiers pauvres d’une même ville. Cette vérité ressort lors même que l’on tient compte, d’une part, de ce que la proportion des célibataires est plus élevée dans les quartiers riches, par suite des exigences de la domesticité ; d’autre part, de ce que cette population riche, recensée au printemps, c’est-à-dire dans une saison de l’année où elle habite la capitale, et allant ensuite en province, ne devrait figurer à cet égard dans la population urbaine qu’au prorata de ses jours moyens de présence dans la ville. Quoi qu’il en soit de ces très légères corrections, le phénomène d’une natalité moindre explique seul l’extinction des anciennes familles nobles et bourgeoises. L’Observation en a été faite bien souvent. Carey s’est longuement étendu sur ce phénomène[2]. Roscher a produit de nombreux faits à l’appui de la même opinion[3]. Adam Smith lui-même s’était déjà

  1. Op.cit., pp. 31 et s. — Tacite, Annales, 1. XI, ch. xxv.
  2. Carey, Principes de la science sociale, trad, franc., t. II, pp. 303-311.
  3. Roscher, Nationalœkonomik des Handels und Gewerbfieisses, p. 71, cité par P. Leroy-Beaulieu, Traité théorique et pratique d’économie politique, 2e édition, t. IV, p. 545.