que l’instruction est directement contraire à la population. Cette loi, dit-on, aurait été formulée déjà par Darwin et par Spencer ; mise spécialement en lumière par Patrick Geddes[1], elle est professée par M. Charles Gide[2] et chaudement soutenue par M. Nitti[3]. Ce dernier s’exprime en ces termes : « La vraie règle est celle que Doubleday a entrevue, que Darwin a perfectionnée et que Spencer a formulée, à savoir que la genèse est en raison inverse de l’individualisation. De même que l’homme, étant l’être dont l’individualité est la plus forte, est le moins fécond, ainsi les sociétés qui atteignent le développement le plus élevé sont les moins fécondes, tout cela d’une manière spontanée, en vertu de causes à la fois biologiques et psychiques, mais non volontaires[4]. »
On reproduit en ce sens l’argument déjà connu de l’extinction des familles riches ou aisées ; on ajoute que beaucoup de grands hommes — Pitt, Fox et Wellington en Angleterre, Napoléon en France, par exemple — n’ont pas eu d’enfants, ce qui démontrerait la stérilité du génie ; enfin on invoque le phénomène du déclin actuel de la natalité, très marqué en France et de plus en plus sensible, quoique faible encore, dans les autres pays civilisés.
Nous ne nous arrêtons pas sur la stérilité individuelle de quelques hommes de génie : des exemples en trop petit nombre, combattus par d’autres exemples contraires tels que ceux de Charlemagne, de saint Louis, de Dante, de Racine et de Ferdinand de Lesseps, ne sont pas des arguments scientifiques.
En tout cas, les explications physiologiques de Doubleday
- ↑ Patrick Geddes, Evolution of sex.
- ↑ « La fécondité des espèces semble varier en raison du développement des individus… par suite d’un antagonisme entre l’activité génésique et l’activité cérébrale » (Gide, Principes d’économie politique, 5e édition, pp. 545-546).
- ↑ Nitti, économiste italien contemporain, très marqué de socialisme, directeur de la Riforma sociale.
- ↑ La Population et le système social, traduction française, 1897, pp. 232 et s.