Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/547

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE II

L’HISTORISME ET LES LOIS ÉCONOMIQUES

I

L’ÉCOLE HISTORIQUE


L’historisme et le socialisme d’État, comme l’hégélianisme, sont des produits d’une origine bien allemande. C’est, donc en Allemagne que nous en trouverons les principaux doctrinaires et les premiers apôtres.

Nous avons cité déjà parmi eux Knies et Hildebrand[1].

Knies, professeur à l’Université de Heidelberg, publia en 1853 le manifeste le plus systématique et le plus complet de la nouvelle école, sous ce nom : l’Économie politique regardée du point de vue de la méthode historique[2].

On ne saurait pourtant nier qu’il y ait une part sérieuse de vérité dans le chapitre où il décrit l’influence que les événements et les circonstances ont toujours exercée sur les économistes classiques et sur la forme spéciale dans laquelle ils ont exprimé des principes[3]. Nous en avons fait nous-même la remarque pour les physiocrates ; on peut la répéter pour Malthus et Ricardo, qui voyaient l’Angleterre emprisonnée dans son territoire et ne soupçonnaient pas l’importation à vil prix des blés d’Amérique ; pour Carey, à qui le voisinage du Far-West épargnait le

  1. Bruno Hildebrand (1812-1878), professeur à l’Université de Breslau, puis à Marburg, député de Marburg à l’Assemblée nationale de Francfort en 1848, obligé ensuite de s’expatrier et professeur d’économie politique à l’Université de Zurich, enfin rentré en Allemagne et professeur à l’Université d’Iéna en 1861. Il fonda en 1862 les fameuses « Annales d’économie nationale et de statistique », Iahrbücher fur Nationalœkonomie und Statistik, qui furent continuées après lui par Conrad, son gendre.
  2. Die politische Œkonomie vom Standpunkte der geschichtlichen Methode.
  3. Knies, op. cit., ch. iii, § 4, pp. 168-206.