la théorie de la rente et des revenus décroissants[1]. Cependant c’est par ses études historiques que Thorold Rogers a fait sa réputation, beaucoup plus que par un système d’une construction scientifique[2].
Il ne faudrait pas croire non plus que toute étude analytique ou descriptive des faits ou des institutions économiques du passé autorise à ranger celui qui s’y livre parmi les partisans de l’historisme. Bien plus, des travaux de ce genre peuvent amener à modifier certains jugements trop hâtivement formés ; ils peuvent même donner à croire que les cadres économiques et sociaux dans lesquels les hommes sont providentiellement appelés à se mouvoir, sont beaucoup plus variés que l’étroite observation d’un seul temps et d’un seul pays ne nous aurait induits à le penser : mais il n’y a rien là qui infirme cette idée de vérités abstraites et générales sur laquelle les économistes avaient assis leurs théories des lois économiques naturelles.
En Belgique, M. Émile de Laveleye (1822-1892), professeur à l’Université de Liège, peut être rangé également parmi les maîtres de l’école historique[3]. Par un autre côté, il collabora à l’avènement du socialisme d’État et il a permis à des socialistes proprement dits et révolutionnaires, tels que Benoît Malon, de le regarder comme
- ↑ Préface de l’Interprétation économique de l’histoire, pp. 3 et 8 de la traduction française.
- ↑ En ce qui concerne Thorold Rogers notamment, on peut se demander s’il ne lui arrive pas de travestir les opinions des économistes classiques pour avoir l’occasion de les présenter comme fausses ou comme absurdes. — Son Manuel d’économie politique, paru en 1866, n’indiquait encore que des tendances à une rupture : l’Introduction économique de l’histoire, achevée en 1888, révèle un immense chemin parcouru.
- ↑ Auteur des Éléments d’économie politique (1882), qui ont eu de nombreuses éditions et ont été traduits en sept langues ; de très nombreux articles de revues réunis dans les Essais et Études (3 volumes, 1894-1897) ; de la Propriété du sol et ses formes primitives, 1874, etc., etc. — M. Luigi Cossa, qu’on ne saurait cependant accuser d’intransigeance dans la défense des principes sociaux, juge ainsi : M. de Laveleye : « Ses Éléments d’économie politique montrent son peu d’aptitude à parler de la science pure, dont-il ne connaissait exactement ni l’objet, ni le but, ni la méthode » (Histoire des doctrines économiques, tr. fr., p. 399). Alors que savait-il ?