inflexibles et moins impératives qu’on n’essayait de nous le faire croire[1] », en ajoutant que si l’intervention des naturalistes était « utile pour réagir contre l’orgueil insolent du spiritualisme[2] », leurs lois n’en ont pas moins à s’incliner devant les « exigences croissantes de la conscience publique, qui reconnaît de plus en plus ce droit à toutes les personnalités[3] ». Il s’ensuit tout simplement, selon lui, la preuve de « l’incompétence de la morale scientifique[4] ».
La théorie de Spencer sur le progrès par la différenciation des éléments constitutifs n’est pas moins inconciliable avec l’égalitarisme démocratique. Il est parfaitement vrai que les êtres vivants comparés les uns aux autres sont d’autant plus parfaits que leur, composition est plus hétérogène, et que leurs cellules ou leurs organes sont moins semblables entre eux. Aussi reste-t-il difficile, de concevoir qu’une société, tout à l’inverse, puisse être d’autant plus parfaite que les individus, qui en sont les éléments constitutifs, y seront plus égaux entre eux, plus interchangeables, et qu’ils y pourront être plus facilement substitués les uns aux autres dans leurs fonctions sociales.
L’idéal, a-t-on essayé cependant de nous dire, serait de rendre possible cette substitution mutuelle de tous à tous.
Eh bien, non, il n’en saurait être assurément ainsi. Historiquement, les sociétés qui-sont le moins éloignées de ce prétendu idéal, sont les sociétés les moins avancées et les peuplades les plus sauvages, dans lesquelles, en effet, l’on ne constate guère d’autres différences que celles de l’âge et du sexe. Chacun s’y livre aux mêmes travaux, chacun y cumule les mêmes professions, et personne n’y sait plus que les autres, parce que personne n’y sait rien. La différenciation marque tout au contraire le progrès, au