plus de bases dans le droit naturel ; tout cela ne serait plus qu’affaire d’utilité sociale et d’opportunité ; et tout cela, issu d’une certaine convention entre les hommes, pourrait être renversé par une convention contraire.
D’autre part, on ne saurait nier non plus que le spectacle du brusque ébranlement de la société tout entière ait allumé des convoitises, fâcheusement encouragées d’ailleurs par les théoriciens politiques. « Quel serait — demandait Leroy de Barincourt en 1789 — quel serait le vœu positif de la nation réellement assemblée, ou au moins de la grande majorité ? Ce serait qu’on réunît en masse toutes les propriétés et qu’on en fît un partage égal, ou que la communauté naturelle des dons du Créateur fût rétablie[1]. »
Vinrent ensuite les déceptions.
La Révolution, à ce qu’on avait cru, devait apporter le bonheur avec elle : le.peuple, au contraire, se débattait au milieu de souffrances qu’il n’avait pas connues encore et dont la cause était précisément la Révolution elle-même,, avec le désordre, les inquiétudes et les violences qui en étaient le cortège. Les aspirations vers un état social plus parfait ne manquèrent pas. Bien plus, quand les Girondins accusèrent les Montagnards de tendre à la loi agraire, ce reproche, s’il était injuste dans le fond à l’égard, non pas certes de tous les Montagnards, mais au moins de la plupart d’entre eux, n’en était pas moins légitimé par les mesures violentes que la Convention édictait sous couleur de défense nationale et de nécessités de circonstances, et qui constituaient très réellement des actes de guerre contre les riches et des atteintes innombrables au droit strict de la propriété individuelle.
Robespierre, en particulier, flatta les convoitises et propagea les sophismes.
- ↑ Leroy de Barincourt, auteur du Principe fondamental du droit du souverain et de la Monarchie parfaite (1789). — Voir Lichtenberger, Socialisme au XVIIIe siècle, pp. 426-427.