principaux rédacteurs furent Olinde Rodrigues, Bazard, Enfantin, Buchez et Armand Garrel ; puis ils ouvrirent en 1828, dans la rue Taranne, des conférences, qui furent publiées en 1832 sous le titre Exposition de la doctrine saint-simonienne. Quelle est cette doctrine ?
C’est que nous devons à la science, et pareillement à l’industrie, une admiration sans réserve. Malheureusement la science manque d’unité : il faudrait qu’un pouvoir social la centralisât et pour ainsi dire la canalisât, en même temps que l’industrie, laquelle procède de la science.
La cause de l’émiettement scientifique et industriel, c’est que nous avons passé d’une période organique (Comte aurait dit spontanée) à une période critique (Comte aurait dit réfléchie). Une époque organique est celle où tous les éléments sociaux sont intimement unis entre eux et concourent au même but, avec régularité et ensemble, comme il en fut pour l’antiquité grecque avant Socrate et pour tout le moyen âge ; les époques critiques sont celles où chacune des parties du corps social s’isole des autres et prétend avoir sa vie propre et indépendante, si bien qu’il y a dans la société autant, de buts particuliers qu’il y a d’individus qui la composent. C’est le cas du monde païen après Socrate et de l’histoire moderne depuis la Réforme jusqu’à nos jours. Les époques organiques sont marquées par la fraternité et la sociabilité ; les époques critiques, par l’égoïsme et l’individualisme. Le saint-simonisme conclut à la nécessité d’un retour à un régime organique. Pour cela, on sacrifiera la liberté à l’unité. Ainsi le veut la loi du progrès : dorénavant une association universelle, une véritable Église embrassera toutes les manifestations de la nature humaine — science, industrie et sentiments — pour les toutes également sanctifier.
À cette formule sociale du maître, formule encore un peu vague, les disciples ajoutèrent tout un plan d’organisation communiste. Selon eux, le phénomène qu’ils appelaient « l’exploitation de l’homme par l’homme » — néolo-