rant de motifs très divers ont persisté à affirmer ces relations, bien que pour le faire il leur ait fallu, de la façon la plus complète, nier ou ignorer tout ce qui a constitué l’essence du christianisme, soit à son origine, soit dans le long cours de son développement à travers les âges.
« Les origines du christianisme sont communistes », a dit par exemple Nitti[1] ; et Loria, professeur à l’Université de Padoue, a enseigné que « Jésus, tout le long de sa vie trop tôt fauchée, demeure un socialiste fervent, dont les doctrines communistes ne furent pas étrangères à sa fin tragique[2] ». Émile de Laveleye a professé les mêmes opinions. « Le socialisme, a-t-il dit, sort du christianisme comme le chêne du gland. Dans tout chrétien il y a un socialiste en germe, et dans tout socialiste un chrétien inconscient[3]… Le christianisme a gravé profondément dans nos cœurs et dans nos esprits les sentiments et les idées qui donnent naissance au socialisme… En tout cas, ce que l’on peut affirmer, c’est que la religion qui nous a tous formés — adeptes comme adversaires — a formulé dans les termes les plus nets les principes du socialisme, et que c’est précisément dans les pays chrétiens que les doctrines socialistes ont pris le plus grand essor[4]. » Et en annonçant le règne futur du socialisme, le même auteur prédisait que « le socialisme se réalisera de lui-même dans un délai d’un à cinq siècles, à mesure que les classes aisées se pénétreront des sentiments du socialisme chrétien ou — si vous aimez mieux — des idées de solidarité humanitaire ; à mesure aussi que d’un autre côté le peuple arrivera peu à peu à se gouverner lui-même sur le terrain politique et dans le domaine de l’industrie[5]. »
- ↑ Nitti, le Socialisme catholique, tr. fr., p. 88.
- ↑ Loria, Problèmes sociaux contemporains, tr. fr., 1897, pp. 100 et passim (ce sont ses cours professés à l’Université de Padoue en 1894).
- ↑ É. de Laveleye, Essais et études, t. III, 1897, p. 41.
- ↑ É. de Laveleye, le Socialisme contemporain, 10e édition, 1896, introd., pp. xiii-xiv.
- ↑ É. de Laveleye, Essais et études, t. III, pp. 40-41.