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Le doute, en effet, n’était pas chose rare au siècle d’Erasme, de Rabelais et de Montaigne. À côté des novateurs religieux, qui ne voulaient savoir davantage que pour mieux croire, se pressaient de nombreux penseurs, animés du même besoin de progrès, mais plus avides de connaissances que soucieux des intérêts de la foi. Dégagés des chaînes de la tradition, ils se nourrissaient de l’étude des philosophes anciens ; ils essayaient les forces de leur jeune intelligence. C’était l’esprit philosophique moderne qui faisait ses premières armes. Mais Calvin ne se laissa pas séduire à cet esprit nouveau. Nul parmi les croyants du seizième siècle n’eut une foi plus sûre d’elle-même, plus impérieuse dans son expression, plus invulnérable dans sa certitude. Calvin, par l’énergie et par l’immobilité de sa foi, devint le rempart du protestantisme. Ce fut une muraille d’airain, contre laquelle le scepticisme brisa ses traits les plus acérés.


III

Il y a des rapports étroits entre le génie de Calvin et son caractère. Calvin n’est pas un de ces hommes dont la nature offre de nombreux et de singuliers contrastes. Tous les traits de cette individualité