Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/142

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tort. Le chapitre des pensées diverses n’a plus que trente-cinq pages. C’est très bien pour le vulgaire qui s’effraierait de débris accumulés sans ordre ; il faut l’y intéresser par une vue d’ensemble ; mais pour ceux qui les ont tous tenus ces précieux fragments, qui les ont tournés et retournés, qui ont appliqué leur persévérance à les examiner en détail, c’est autre chose. Ceux-là n’entendent point qu’on leur enlève le plaisir de reconstruire l’édifice, et de chercher pour leur propre compte l’usage possible de chaque pensée. Les Pensées, telles que M. Faugère nous les donne, sont un peu comme les pièces d’un jeu de patience jetées au hasard sur une table ; çà et là il en est qui sont tant bien que mal rapprochées, mais la confusion est grande encore. M. Astié s’interposant entre Pascal et nous, les rassemble à notre place ; il nous empêche de les contempler dans leur désordre et d’en chercher par nous-mêmes le curieux agencement.

Il manque une édition de Pascal comme je la voudrais, encore plus percée à jour que celle de M. Faugère, et pour laquelle l’éditeur ne se soit pas attribué la mission et les droits d’un restaurateur. Si jamais un éditeur s’avisait de me demander conseil, je lui dirais : Ne suivez pas même les indications obscures et contradictoires que Pascal nous a laissées ; placez-les sous nos yeux, avec le reste, à titre de documents ; mais bornez-vous à un ordre convention-