Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ties du plan de Pascal comme le trait saillant et caractéristique de son travail. C’est là sa grande innovation ; et vraiment elle est importante. Il ne s’agit pas ici d’un artifice de rhétorique plus ou moins heureux. Grâce à cette seule innovation, le Pascal de M. Astié nous apparaît comme un manifeste de toute une école d’apologie, école qui fait chaque jour de nouveaux progrès, qui compte dans notre pays des représentants nombreux, quelques-uns célèbres, et qui se glorifie de Pascal comme de l’un de ses ancêtres. Depuis vingt ou trente ans nous avons vu plus d’un défenseur du christianisme, s’inspirant de Schleiermacher, ou marchant spontanément à sa rencontre, rejeter comme M. Astié la pesante armure de l’apologie ordinaire, renoncer comme lui aux arguments historiques fondés sur quelque manifestation surnaturelle, telle que les miracles ou les prophéties, et s’en tenir à la preuve interne, qui repose sur la conscience. Vinet, à la mémoire duquel M. Astié dédie son Pascal, est entré l’un des premiers dans cette voie, et l’a suivie jusqu’à ses derniers jours. L’auteur de la Philosophie de la Liberté, œuvre d’apologie encore plus que de métaphysique, quoi qu’en dise le titre, M. Ch. Secretan demande aussi au sens intime ou à la conscience la justification du christianisme ; et son dernier ouvrage sur la Méthode montre assez que, pour lui, aucune autre justification ne saurait remplacer