Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/165

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plète ! Pour prêter une pareille inconséquence à un tel homme, il faut, c’est vous qui le dites, il faut absolument y être forcé.

Je crains fort que, dans le système de M. Astié, il n’y ait place nulle part pour les développements historiques, et que, pour rendre Pascal conséquent avec lui-même, il ne soit obligé d’en retrancher la moitié. Mais ce dont je crois être sûr, c’est que si Pascal eût été fidèle au plan qu’on lui impose, il eût terminé d’une manière pâle et languissante. Or l’auteur des Provinciales n’avait pas coutume de terminer ainsi.

Qu’on lise Pascal dans l’édition de M. Astié. Cette lecture, ou je m’abuse étrangement, confirmera tout ce que j’avance. Au lieu de conclure avec autorité, Pascal s’allonge indéfiniment sur des sujets d’une importance secondaire, en comparaison de ceux qu’il vient d’aborder. Il termine, non en posant la clef de voûte, mais en travaillant à consolider l’édifice par des étais extérieurs. Le lecteur s’impatiente. Il y a des choses fort remarquables dans ce que dit Pascal du peuple juif, mais dans le Pascal de M. Astié elles perdent une grande partie de leur prix, tant il est vrai que les belles choses elles-mêmes ont besoin d’être à leur place.

Ce n’est pas une tâche facile que de refaire l’œuvre de Pascal. Ce grand homme avait la main souple et forte. Son apologie n’est pas tant d’un théo-