Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/17

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A partir de l’année 1529 jusqu’en 1539, c’est-à-dire pendant un espace de trois ans, nous n’avons presque aucun détail sur Calvin. Cette lacune est infiniment regrettable, car c’est vers la fin de cette période qu’il faut, selon toute probabilité, placer sa conversion. Il est donc impossible de suivre pas à pas les progrès du jeune réformateur, impossible d’observer la lutte dont son âme fut le théâtre, et qui préluda à sa grande lutte sur le grand théâtre du monde. Nous verrons plus tard comment il a convaincu les autres ; nous ne pouvons que deviner comment il a été convaincu lui-même.

Dans l’opinion commune, on se fait de la conversion de Calvin une toute autre idée que de celle de Luther. On se le représente studieusement penché sur sa bible, méditant à la clarté de sa lampe, et, par la seule force de son intelligence, sans grands élans de passion, avec quelque anxiété peut-être, mais sans aucun de ces rudes combats qui laissent une trace ineffaçable, arrivant en peu de temps aux croyances qu’il soutint dès lors envers et contre tous.

C’est là le Calvin de la tradition. Nous l’acceptions comme le véritable Calvin, lorsque, il y a quelques mois, nous fûmes un instant ébranlé par un article de M. Louis Bonnet, pasteur à Francfort, inséré dans la Revue chrétienne, M. Louis Bonnet, profitant de rares aveux échappés à Calvin dans la préface du Commentaire sur les Psaumes et dans la Réponse à