Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/188

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Aujourd’hui, nous parlons beaucoup de progrès ; jamais, sans doute, on n’eut plus de raisons d’en parler ; mais le seul mot de progrès ne renferme-t-il pas en substance les idées mêmes de Pascal ? Le progrès n’est possible que pour des êtres imparfaits, et, parmi les êtres imparfaits, il n’appartient qu’à ceux qu’un instinct sublime pousse vers la perfection. La nécessité du progrès prouve la misère de l’homme ; la possibilité du progrès prouve sa dignité.

La science a fait depuis deux siècles d’étonnantes conquêtes. Mais en repose-t-elle moins sur un cercle vicieux ? Ne doit-elle pas aujourd’hui, comme au temps de Pascal, aborder les détails sans avoir embrassé le tout, et prononcer sur l’ensemble sans en connaître chaque partie ? A-t-elle une valeur plus absolue ? Est-elle autre chose qu’un compromis entre le certain et l’incertain, entre la science et l’ignorance, comme l’homme lui-même, entre l’infini et le néant ?

Prenez une vérité scientifique quelconque, rendez-vous compte des raisons pour lesquelles vous y croyez, et vous verrez que ces raisons n’ont jamais qu’une force relative. Nous disons, par exemple, au nom des expériences de la physique et des observations de l’astronomie, que la matière gravite vers la matière, et que les plus grandes masses sont pour les plus petites des centres permanents d’attraction. Nous osons affirmer que la loi de l’attraction est la