Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/198

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qu’on nous pardonne ce rapprochement profane, aurait-il pu dire avec le plaideur de Racine :

Ce que je sais le mieux, c’est mon commencement.

Aussi longtemps qu’il se livre à cette pénétrante analyse du cœur humain, on peut le suivre avec quelque exactitude ; on peut se flatter d’en reconnaître au moins les traits essentiels ; mais à mesure qu’on pénètre dans l’apologie proprement dite, tout devient plus obscur. Il est d’autant plus mal aisé d’y voir clair qu’on sent que la pensée de Pascal n’est pas restée immobile. Elle a progressé, elle s’est développée, elle s’est peut-être transformée ; mais dans quel sens a eu lieu ce mouvement ? à quelle lin aurait-il abouti ? Grave question sur laquelle il vaut mieux, ce nous semble, ne rien affirmer. On peut faire des conjectures intéressantes, rien de plus. En pareille matière, il faut être fort circonspect. Deviner Pascal n’est pas chose facile. C’était un de ces hommes dont le génie mâle et bouillant n’est pas incapable de revirements inattendus, peut-être même d’écarts ; un de ces hommes qui déconcertent toutes les prévisions, qui ne donnent jamais moins que ce que l’on attendait, mais qui donnent parfois tout autre chose.

N’oublions pas d’ailleurs que Pascal est mort au moment où sa pensée subissait l’épreuve d’une crise nouvelle, dont l’effet n’a pas eu le temps de se