Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/225

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si remarquable et si originale des mystères de notre nature, pourrait servir de préface à une apologie de l’hégélianisme. Cela prouve sans doute de combien la pensée de Pascal dépassa la pensée de son siècle ; mais assurément cela ne ferait pas son compte.

Qu’est-ce à dire, sinon qu’il y a là une seconde lacune dans son œuvre, un second point sur lequel elle ne répond plus aux besoins de notre siècle. Que l’apologie moderne y prenne garde. Il lui appartient de faire face aux nouveaux ennemis dont Pascal n’a pas prévu les redoutables attaques. Si elle négligeait ce devoir, il serait à craindre que Pascal ne préparât des disciples à Hegel. Ce sont là de ces tours que le temps joue parfois.


Mais l’étude de l’homme ne fait que préparer Pascal à accepter le dogme chrétien, Pascal attend la conviction de la force des témoignages historiques. Est-il plus heureux dans cette seconde partie de sa preuve ?

Ses réflexions sur l’Ancien Testament ont pour but d’établir que le livre qui raconte le péché d’Adam porte le sceau de la divinité. Dieu ne saurait ni se tromper, ni mentir. Descartes s’en porte garant ; si donc le récit de la chute est de lui, il doit être tenu pour vrai, et toute incertitude disparaît. Malheureusement, et ici je ne crains pas d’être démenti, la partie historique du livre des Pensées n’en est pas la