retracé longuement des vies ignorées. Les purs littérateurs lui en feront un reproche, et l’on verra probablement circuler dans les futurs manuels de littérature une phrase stéréotype sur les longueurs que n’a pas évitées cet ingénieux écrivain ; mais les vrais moralistes et ceux qui, comme lui, aiment à retrouver l’esprit sérieux de la science dans les choses littéraires, ne lui seront de rien plus reconnaissants que de ces prétendues longueurs, car l’originalité de l’œuvre et sa beauté est de montrer l’idéal chrétien, tel que l’a conçu Port-Royal, reproduit dans le plus grand nombre possible de types individuels. Il s’est attaché à tous ceux qu’il a pu saisir, et par là il a enrichi la littérature française non-seulement d’un ouvrage qui restera, mais d’une application nouvelle de l’esprit critique. Cette méthode demande à être appliquée avec discernement ; mais il était dans les exigences du talent de M. Sainte-Beuve de pouvoir l’employer une fois jusqu’au bout, et il eût vainement cherché un groupe auquel elle fût mieux appropriée.
Ainsi, de quelque manière qu’on l’envisage, Port-Royal nous apparaît comme l’œuvre par excellence de M. Sainte-Beuve, et plus on l’étudié, plus on découvre de rapports entré le sujet et le talent de l’auteur. Toutefois on se demandera si l’harmonie est parfaite, et s’il n’y a pas discordance au moins sur un point ? Victor Hugo, qui a rarement parlé de