Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/313

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entre ces deux natures. Il importe d’autant plus de le signaler qu’aux yeux de M. Renan Déranger n’est qu’un type, et qu’en protestant contre lui, il entend protester contre l’esprit français en général.

À l’indignation que me causa l’idée d’une confraternité religieuse avec ceux qui adorent de la sorte, dit-il en parlant de sa première lecture de Béranger, se mêla l’idée de ce qu’il y a de fatalement limité dans les manières de voir et de sentir de la France. L’incurable médiocrité religieuse de ce grand pays, orthodoxe jusque dans sa gaieté, me fut révélée, et le Dieu des bonnes gens m’apparut comme l’éternel Dieu gaulois contre lequel lutterait en vain toute tentative de philosophie et de religion épurée.

Il faut lire toute la fin de l’article. Jamais peut être l’ironie n’a ruisselé en plus amère éloquence.

Ce n’est pas à nous, étranger et qui jugeons à distance, qu’il appartient de prononcer sur les conclusions de M. Renan. Laissons-lui l’entière responsabilité de l’éloquent réquisitoire qu’il a deux fois signé de son nom, une première fois en le publiant dans le Journal des Débats, une seconde fois, et après dix ans d’intervalle, en le reproduisant dans un volume dont tous les articles doivent avoir à ses yeux une particulière importance. Notre seul désir est de saisir la véritable portée et la signification historique de ce contraste si énergiquement accusé par M. Renan lui-même.

Il est grand, sans aucun doute, et bien loin de vouloir l’atténuer, nous avons cherché à le présenter